Pour aller à Paoua, j'ai pris  l'avion. Un tout petit avion avec seulement 10 places à bord, mais "ça" volait sans problème et c'est assez cool d'être assise quasi sur les genoux du pilote. 

Paoua est un blède de 25 000 personnes; C'est vraiment la brousse. Je ne sais pas trop comment vous le décrire car c'est un ensemble. Ici la population n'a pas l'eau courante, n'a pas d’électricité, pas d'autres toilettes que des latrines, les gens vivent par familles dans les cases et se font à manger sur le feu à bois. Ça grouille des enfant vu que 50% de la population à moins de 18 ans. Les enfants nous courent derrière et crient ''moungeou'' (c'est le nom qu'ils donnent aux blancs, c'est un dérivé de bonjour), nous font des coucous, la population est très réceptive à notre projet et MSF est très bien vu ici. En plus ils sont curieux et s’intéressent à toi: qui tu es, qu'est ce que tu fais la, d'ou tu viens etc. Dans ce coin il n'y a pas de problème de nourriture, donc même si les gens sont super pauvres ils ont de quoi manger. Côté nature c'est de la terre batture avec quelques pauvres arbres (ils appellent ça la savane mais c'est pas vraiment comme ca que j'imagine la savane). Il y a des lézards, des scarabées et d'autres trucs qui volent partout; il faut aussi faire attention aux serpents car ils sont super venimeux.

Il y a 4 ''endroits'' gérées par MSF: la base de vie, les bureaux, la pharmacie et l'hôpital. MSF à deux projets ici: la compagne de vaccination de masse (le mien) et le projet régulier (toutes les activités qui s'organisent à l’hôpital). Il y a aussi 3-4 d'autres ONG ici. 

La base de vie est assez spacieuse et bien aménagée: il y a une petite zone détente qu'on appelle ''Paoua beach'', une salle où on mange, plusieurs maisons avec les chambre, les WC, les latrines, les douches ( a eau froide bien sur), la cuisine, la blanchisserie et tout y est. Après c'est vraiment rudimentaire. Ma chambre est minuscule: il y a un lit, ventilo et une étagère pleine de poussière. Peut être après je pourrais changer de chambre pour une plus grande. Il fait toujours entre 30 et 40° et il ne pleut pas encore trop. La vraie saison de pluie devrait commencer dans un mois. 

Concernant le boulot mon rôle est de superviser la compagne de vaccination. C'est à dire je commence à bosser à 6h. Le matin on règle les derniers problèmes, je vérifie le matériel, les chaînes de froid et à 6h30 on part sur nos sites de vacci. Généralement il y a plusieurs sites (entre 3 et 6) où on vaccine en même temps. Certains jour je suis responsable d'un site et mes infirmiers (3 personnes) des autres, mais s'ils ont un problème je suis une personne de référence. Un site de vacci se compose d'environ 15 personnes (les enregistreurs, les pointeurs, les vaccinateurs, le crieurs et le gardien); Ce sont les gens qui nous sont proposés par le centre de santé: ils viennent des villages où on vaccine, parle peux le français et que 4 - 5 savent lire ou écrire. La rythme de la vacci est vraiment impressionnant car en moyenne on fait 400 enfants par jour et on plus il y a de enfants malades que les mamans nous amènent. Pour ces enfants malades j'ai un sac de matériel pour les traitements et diagnostiques simples: très souvent c'est des cas de malaria. Quand ce n'est pas la malaria alors on essaye de faire un diagnostique avec les moyen du bord et l’expérience que j'ai (autant dire pas grand chose). Je leur donne des médicaments car c'est toujours mieux que rien et je conseille d'aller au centre de santé, mais je sais très bien qu'elles ne le feront pas. La vacci se termine au plus tard à 15h30, car il faut le temps de ranger et rentrer au plus tard pou 17h. Ca met longtemps d’arriver sur le site de la vacci car les routes sont chaotiques et c'est pas encore la saison de pluie (comptez une heure pour 6-7km). Et une fois de retour à la base il faut encore ranger, encoder tout les chiffres et préparer les affaires pour le lendemain. Autant dire que je bosse minimum 12h, mais je suis bien aidée car j'ai un magasinier, un logisticien et son assistant, un chauffeur, etc. On bosse aussi 6 jours sur 7. C'est un bon rythme à tenir et je risque d'être bien fatiguée au bout de six mois, heureusement tout les soirs c'est détente. On se met tous ensemble au Paoua Beach, on boit des bières et on rigole bien.

Pour résumer l'hiérarchie il y a mon chef (assane) --> moi (manager de la vacci) --> mes trois infirmiers que je supervise (Laetita, Serge, Gabriel) + le magasinier (Loic) --> et les infirmiers ou moi supervisons les équipes de vaccination sur le terrain. Et je suis en collaboration avec l'administratrice et le logisticien.  

Bosser avec les locaux de l'équipe de vacci est chouette car il y a une vrai relation qui s’installer et j'espère qu'ils apprennent autant de moi que moi d'eux, mais c'est un vrai boulot à plein temps. Il faut être tout le temps derrière eux et tout vérifier si non ils font n'import quoi: les fait qu'il y ait trois doses d'un vaccin avant un an; et plus que deux doses après un an est assez difficile à mettre en pratique. Il m'a fallut la journée pour que ça fonctionne. Puis ils travaillent très lentement, prennent 6 pauses par heure, mangent tout le temps, inventent des règles de travail,... Ils m'ont flingué une glacière en mettant un sachet d'eau dedans, qui bien sur c'est ouvert, a inondé tous les vaccins, décollé les étiquettes et surtout a réchauffé la température à 14° (à ce moment là je voulais renter en Belgique). Bref, on ne peut pas se permettre d'être trop sympa avec eux, si non on a plus aucune autorité. Mais les premières fois ça fait un peu bizarre quand je dit: ''c'est moi la chef et les règles c'est comme ça et pas comme ça''. Le fait de travailler avec des locaux a énormément d'avantages, mais demande également des prendre sur soi, d'être très patient et d'être là tout le temps. 
Après les 3 jours de vacci, mon chauffeur a parlé avec l'équipe et ils lui ont dit qu'ils aimait travailleur avec moi. Donc peut être je ne suis pas si horrible que ca. :)

Les jours où je ne supervise pas sur le terrain je suis au bureau: je fait la gestion des stocks, je remplis une tonne des datas dans le dossiers exell, je fait les plannings, les horaires, prépare le matériel, etc.  Ca n'a complètement rien à voir avec le terrain, mais après quelques jours où j'ai été au taquet à 5h30  du mat ça fait du bien de faire du bureau. 

Il y a deux types de contactes avec les locaux: il y a ceux qui travaillent pour MSF et les autres. Quand je parle des ceux qui travaillent pour MSf je parle surtout des gardiens et des chauffeurs car c'est avec eux que je passe le plus de temps; eux ils sont curieux de savoir comment est la vie en Europe, quelles sont nos coutumes, pourquoi on fait les choses d'une telle ou telle manière et ils veulent tous savoir quoi faire pour aller en Europe; ils sont tous persuadés que la vie en Europe est une vie au paradis. J'ai beau tenter des leur expliquer comment est la vie chez nous, que ce n'est pas parce ''qu'on a de l'argent'' que la vie est spécialement meilleure et que les gens chez nous ils sont tristes; pour eux c'est incompréhensible. si on a de l'argent on ne peut pas avoir des problèmes. C'est très intéressant de parler avec eux. 
Et de l'autre côté il y a des locaux qui vivent dans la brousse qui ne parle que la sangho (la langue locale), qui cultivent les champs, qui ont une dizaine d'enfants et qui vivent que avec de la matière première. Pour eux on est des dollars que pattes (je parle surtout des gens de l'équipe de vaccination, pas des mes infirmiers). Bien sûr ce n'est pas que ça mais ca tourne pas mal au tour de ça. Et c'est la où c'est assez décevant car je passe mon temps à dire non aux gens.c'est une excellent école pour apprendre à dire non aux gens car ils te demandent tout: donne moi tes lunettes, achète moi un téléphone, donne moi 100 euros, donne moi ton livre, tu m'a pas amène un gâteau, tu m'a pas amène un café, tu me donne ton bic, tu me donne ton livre, je veux un savon, je veux être payer plus, je veux ci et je veux ça.... Les premiers jours je me sentais pas bien de leur dire non et puis ca devient très agaçant. S’énerver ne sert à rien car de tout façon ils comprennent que très peux le français. Donc j'essayer de tourner le refus sous un sens d'humour et puis il faut rester impartial: si je donne quelque chose à un il faut que je donne quelque chose aux autres. Il m'a fallut qu'une semaine pour devenir une super connasse.
Les mieux c'est les enfants: pour eux nous regarder, faire des sourirs et des coucous leurs fait déjà bien plaisir. 

L'ambiance à la base est très festive, même un peu trop à mon goût et vous savez que j'aime faire la fête. bon c'est pas des grosses fêtes jusqu'à 4h du mat tout les jours, vu qu'il faut quand même se lever à 6h, mais il y a de l'alcool tout les soirs. On est environ 15 personnes sur la base: le projet de la vacci et le projet régulier. les expats sont divisés en deux clans et c'est vraiment pas gai: les blancs d'un côté, les noirs de l'autre. Il parait que ça fait 2 mois que c'est comme ça. Mais ca fait un peu apartheid. Ce lundi il  y a le nouveau coordinateur de projet du projet régulier qui est arrivé et il va essayer un peu de changer cette situation. au niveau nationalité il y a surtout des français puis quelques personnes de Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Benin, Italien, Espagnol,... Et mise à part cette séparation entre deux clans les gens sont très sympas. Je bosse surtout avec Lida (c'est mon administratrice) elle est russe, super sympa, un vrai moulin a parole et on papote pas mal (elle est au courant de tout les ragots :) ). Mais malheureusement elle part dans 3 semaines. Il y a aussi Abou (mon logisticien) qui est très sympa, un vrai papa africa (il vient de Burkina), mais disons qu'on est pas de la même génération. Et puis il y a aussi mon chef Assane (Burkina), il y a beaucoup de personnes qui sont en conflit avec lui, c'est vrai qu'il est assez particulier et n'a pas vraiment l'allure d'un chef. Pour le moment je n'ai pas de souci avec lui mais on travaille beaucoup chacun de son côté. 
Et après il y a tout les autres du projet régulier: Pierre il vient d'arriver, il est log et descend une bière en moins de temps qu'il faut pour le dire, Anne-Lise administratrice super sympa elle va encore rester pas mal de temps avec nous, Roberto, Laurent,....
Il y a toujours une bonne raison de faire la fête: arrivée de quelqu'un, départ de quelqu'un, un anniversaire,... La semaine dernière on a fait une grosse fête avec toute l’équipe, le staff national, et les expats des autres ONG pour le départ de 3 personnes qui ont passé trois mois ici. Pour ca on a tué deux cabris (les cabris ont vécu pendant deux jours au bureau donc j'ai eu le temps de me faire amie avec eux). Il a fallut 10 min de fête pour que les locaux se mettent à danser, à nous apprendre leur danse,.... C'était vraiment une chouette soirée. J'ai découvert la chanson ''coller la petite'', un vrai tube ici. C'est une chanson qui se dansé collé-serré d'une manière assez sexuelle, bref pas trop à mon goût. Je préfère danser sur "chihuahua'' qui passe toutes les 10 minutes.

Je me rend compte qu'il est complètement déstructuré ce post mais c'est difficile de vous présenter la situation telle qu'elle est. Et encore je suis sur que j'oublie tout plein de choses importantes. Allé je passe au suivant et je vais essayer d'être un peu plus structurée :)