Avant de me lancer dans mes histoires, un petit mot pour tous ceux qui sont à Mousterlin pour le moment. Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point j’aimerais être avec vous, et je sais que ca va être une semaine mémorable, formidable et tous les trucs bien qui finissent en –able. Mais voilà c’est le problème de ma vie, j’aimerais être partout au même temps et que c’est ne pas possible, et en plus je me dis que ce sera très difficilement réalisable à nouveau. Encore une fois MSF et sa loi de la frustration. Voilà juste pour vous dire que je pense très très fort à vous et profitez un maximum !!!!

La vaccination prend un coup d’envole!!! Et on en profite avant qu’il y a un prochain standby et vu la situation ici ça peut arriver à tout moment. Du 27 au 10 c’est la vaccination intensive. On fait deux grandes zones qui sont à 4 heures de route de Paoua, du coup les équipes dorment sur places et nous (l’équipe de supervisons) faisons des allers-retours tous les jours pour voir comment ça se passe et apporter les approvisionnements. Du coup j’adore car je fais plein de route, les journées sont bien remplies et il nous arrive plein d’anecdotes.

 D’abord il y a des barrages (check points) à passer. Ces barrages sont tenus soit par les groupes armés, soit par des mecs qui refont la route et comme ils ne sont pas payer par le gouvernement, ils bloquent les voitures qui veulent utiliser la route  et demandent de l’argent pour pouvoir passer. Les groupes armés c’est ce qui nous cause les moins de soucis car ils nous connaissent ; le problème c’est ces gars lambda pour qui on est des dollars sur pattes. Alors il faut discuter, négocier, expliquer et finalement ça se terminer qu’on leur donne quelques capotes ou des cigarettes. Mais c’est assez fatiguant de devoir se les coltiner tous les jours surtout que ces mecs sont super saouls et que les « réparations » de la route n’avance pas du tout.

 L’autre jour on roule vers un site situé sur loin et on voit au loin un mur des gens qui courent vers nous. Une marée de gens. Et au plus ils se rapprochent on les entend chanter et crier. Enfaite c’est un enterrement. Dans la marée des gens qui court et chant, ils portent une civière avec le mort et passe d’un village à l’autre pour que les gens puissent leur rendre un dernier hommage. C’est très beau ce qu’ils chantent. Et derrière les hommes qui chantent, il y a les femmes qui crient. Mais elles ne crient pas qu’un peu, elles crient vraiment à la mort. Ce n’est pas étonnant quand on sait qu’ils ont qu’une journée pour pleurer leurs morts et qu’après il faut retourner à leurs occupations quotidiennes.

La population est très reconnaissante de la vaccination qu’on fait et un jour on a été invité (le chauffeur, l’assistant, l’infirmier et moi) chez le chef de village au fin fond de la brousse pour manger chez lui. Bon bien sûr on est à mille lieux de l’invitation à dîner à l’européenne. Ici est une espèce de table, on s’assied sur les briques ou les racines des arbres, sauf pour moi qui avais droit à un vrai siège. Le chef n’était pas là au moment où on est venu et la femme et les enfants n’ont pas le droit de manger avec nous. Donc on s’est retrouve à 4 à manger chez eux. La femme nous à apporter deux casseroles, donc une d’elles j’étais sûr qu’il y avait la boule (= foufou, c’est de la farine de mil mélangé avec de l’eau, une espèce d’étouffe chrétien pour ceux qui connaissent). Mais la surprise ou l’angoisse est de savoir ce qu’il y a dans la deuxième casserole….. et ban c’est les termites !!!! Youpi !!! Evidemment c’est à la blanche à manger en première, super on se lance et on y va. Bon ce n’est pas deguelasse mais ça ne casse pas la baraque. Ce qu’il ne faut surtout pas faire, c’est de panser à cette bête en forme vivant, car c’est immonde, gluant et super emmerdant. Mis à part que ce n’était pas un régal culinaire, c’est une très chouette expérience d’avoir été invité et de savoir que la population apprécie nos actions. D’ailleurs j’ai reçu une lettre de remerciement d’un autre site de vaccination, c’est génial la manière dont c’est écrit, c’est presque comme si on était des divinités, il faudrait que j’en fasse une photo ça vous ferait bien rire !!!  

L’autre côté très folklorique de cette semaine c’est tout simplement les routes ou plutôt les pistes, pour moi ce n’est même pas les pistes mais des chemins ou même un vélo ne passe pas. Donc pendant 4 heures il faut s’accrocher au siège si non on vole dans la voiture, on se cogne la tête sur les fenêtres ou même le toit. Moi ce ma fait bien rire, du coup mon assistant et le chauffeur se marre bien aussi, ils se foutent un peu de ma gueule, mais peu importe. A chaque fois que je vois une route archi pourri, je me dis que ça ne peut pas être pire, et ban si !!! Il y a toujours pire, parfois il y a même pas de route. Les hautes herbes rentrent par les fenêtres, antenne s’accroche sur les arbres et on fait des avant et en arrière pour monter sur les trous de 40 cm. Je comprends pourquoi les expats n’ont pas droit de conduire ici. :)

 Il y a mon nouveau chef de projet qui est arrivé hier. Il s’appelle Lievain, il est congolais et bosse chez MSF depuis 10 ans, mais c’est son premier projet de vaccination. Au prime abord il a l’ai pas trop mal, mais c’est à voir et j’espère qu’il va rester très objectif sur ce que lui raconte l’Assane (ancien chef). Assane je ne le supporte plus, ça devient physique et pourtant je fais des efforts colossaux, mais ca résilience, son assurance, son ‘’comment faire compliquer quand on peut faire simple’’, ‘’il faut te reposer’’, et le fait de ne pas défendre le projet auprès de la coordination m’exaspère au plus haut point. Bref passons car je pourrais écrire des pages sur lui et ma frustration. Vivement le 23 et qu’il rentre chez lui. Déjà 3 semaines de passation c’est du jamais vu chez MSF, mais ‘’on est tous fatigué, alors il faut quelqu’un pour bien mener le projet’’. C’est ça….

 Normalement on quitte Paoua le 14 pour aller à Bangui et le 16 on prend l’avion pour Bria. Le programme est super serré : le 10 fin de vacci, le 12 la fête de fin de vacci, le 14 le départ. Et entre temps il faut faires les inventaires, les caisses, charger les camions, payer les gens, faire une tonne et tonne de paperasse etc.  Ca ce qui est prévu normalement. MAIS, parce que chez MSF il y a toujours un mais ; aujourd’hui a une semaine du départ on est toujours pas sûr qu’on ira à Bria car le contexte à Bria est très tendu, il y a énormément de groupes armés qui s’opposent et pour aller à Bria il faut passer par Bambari et c’est un peu près la guerre à Bambari, environ un camion sur 10 arrive à destination avec tout son chargement. Donc nous on peut aller à Bria en avion mais notre matos risque de ne jamais arriver et vu le danger pour les chauffeurs, la coordination ne veux pas trop prendre cette décision. Donc on fait comme si on allait à Bria mais on verra bien ce qui va être décidé dans les jours qui viennent. Quand on postule chez MSF on nous dit que la flexibilité c’est la qualité la plus importante et ban pour une fois ce n’est pas de la blague. La flexibilité et prendre de la distance avec ce qui se passe au tour de soi sans ca on ne tiens pas.

 Donc je vous parlais de la fête pour la fin de la vaccination. Alors la bonne blague c’est qu’on a pas de budget pour organiser cette fête car l’admin qui est partie voulais faire juste une petite fête entre nous et elle n’a pas prévu un budget pour ca (quand il s’agit de sous, il faut prévoir des mois à l’avance). On est à 6 jours de la fête et on attend toujours la validation de notre demande de budget et sans cette validation on ne peut rien lancer alors qu’on se prépare à faire une fête pour 200 personnes avec la maire, préfet et tout le tsointsoin.Ca va encore être dans le speed et à la dernière minute. Mais pour prendre de l’avance je me suis vu déléguer la tâche de faire le message de remerciements qui sera diffusé à la radio. Bien évidement je n’ai jamais fait ça auparavant et je ne sais pas trop par quel bout commencer. On dit toujours que Google est ton ami, mais pas cette fois ici, il n’existe pas de modèle de lettre pour remercier une ville dans le trou du cul de l’Afrique. Je fouille dans le pc pour vois s’il n’y a pas un vieux exemplaire qui traine, mais c’est aussi échec. Je demande au projet régulier si eux ils n’ont pas un modèle, vu que MSF a des guidelines pour tout, il doit bien exister un truc pour ça aussi, mais toujours rien du tout. Mais on m’a donné un super piston, d’aller en discuter avec le crieur de l’hôpital qui a l’habitude de passer les messages. Du coup avec Herneste on a concocté un super discours pour notre message radio qui a déjà été validé par la coordination et sera diffusé sur toute la région de Paoua.  Il faut un début à tout :)


Hier c’était ma première fête de l’Aïd (fin de ramadan) et pour changer un cabri est mort  et a fini sur le feu. Nos copains les musulmans ont mis leurs plus beaux habits, prié pendant des heures et après on a mangé le cabri. Et là pour une fois, il fait bon d’être une fille en Afrique, car tous les organes (le foie, les testicules,…) sont réservés que pour les hommes.  Et comme ici rien ne se perd ce matin on prenant mon thé je suis tombé sur la tête du cabri emballé dans le parier kraft. A 5h30 il n’y a rien de plus agréable que ça. Déjà que cette tête a trainé tout la soirée sous la table je pensais qu’en était débarrassé, mais non. Enfaite il faut qu’elle ‘’murisse’’, ‘’enfume’’ et sera mangé dimanche. Je vomis maintenant ou j’attends dimanche ?

Il y a eu une nouvelle arrivée hier, au même temps que mon nouveau CP (chef de projet). Il s’agit d’Anne. C’est la nouvelle admin qui va remplacer Anne-Lise et c’est la copine de Pierre (log). Ils sont ensemble depuis 7 ans et arrivent se retrouver sur les mêmes missions. Ce qui est génial également avec les nouvelles arrivées c’est que c’est une appro en chocolats, bombons, whisky, etc. Du whisky de 16 ans d’âge ce n’est pas tous les jours qu’on boit ici et ça permet d’oublier cette petite chèvre avec la tête coupée. Nouvelle arrive ça rime aussi avec les départs : il y a Anne Lise qui s’en va et Myriam (responsable des activités externes). Mine de rien ça fait un pincement au cœur quand ils s’en vont, on vit beaucoup de choses en très peu de temps et on est quasi sûr de ne plus jamais se revoir sauf peut-être sur une autre mission. C’est un peu notre famille d’ici avec qui on vit 24/24h.

 Il y a pas mal de problèmes sur le projet régulier et l’ambiance devient de plus en plus tendue. Dorothée (responsable des infirmiers) se retrouve un peu toute seule à gérer tout l’hôpital car il manque un médecin réfèrent, un pharmacien, une responsable des activités externes, un log projet, des médecins et des infirmiers. Ça fait un peu beaucoup pour une seule personne et en plus elle n’est pas soutenue pas du tout par le chef de projet, dont on a l’impression que le seul objectif est de fermer la mission, mais dans l’état actuel de choses ce n’est pas envisageable.  Et en plus elle est blanche, une fille et ‘’seulement’’ infirmière donc d’autant plus difficile de mettre de choses en place. MSF ce n’est pas toujours tout beau tout rose et c’est un peu une bagarre permanente pour faire fonctionner les choses.