Cette semaine était encore folle car vue que je suis admin par intérim il y a toute cette partie-là du boulot à faire ; et comme la semaine dernière j’étais tout le temps sur le terrain je n’ai pas pu avancer la dessus. Donc je me suis retrouvée avec des datas de vaccination de 7 sites à encoder, encoder tous les journaliers, préparer les payes, faire les attestations de travail, et au même temps superviser que tout soit prêt pour le départ sur les sites jeudi. Bref autant vous dire que j’avais facilement pour deux journées entières d’ordinateur. Le boulot n’est pas bien compliqué, c’est des fichiers Excel ou il faut mettre des données et ça fait tout plein de calcule savant tout seule. C’est juste que c’est un boulot ultra chiant. Et bien sûr je me retrouve à gérer une caisse avec deux millions de francs CFA. Bon si on converti ça ne fait pas temps que ça, mais c’est toujours une pression car s’il manque 5 000 francs ce sera bien sûr moi la voleuse. Donc j’ai passé mon lundi et mardi à encoder et encoder et encoder… Il fallait absolument que ce soit fini pour mercredi car les gens venaient chercher leur paye le mercredi et c’était bien prêt mais ma patience était à bout et je ne veux plus voir un ordinateur de près pendant quelques jours. Alors les payes c’est génial. En gros sur le terrain c’est des équipes de 16 personnes, elles donnent une procuration à une personne, et c’est cette personne qui vient me voir pour que je lui donne les sous de tout le monde. Ils doivent venir entre 8h et 14h. A 7h30 ils étaient tous là. Alors c’est parti pour répéter la même chose 7 fois, leur faire signer une tonne de paperasse (déforestation c’est à cause MSF), compter les sous, les attestations et tout ça en ESSAYANT d’être organisée. Mais ce fut un échec, mon bureau a fini noyé sous la paperasse, moi suant, puante et assoiffée. Mais mission réussi tout le monde a eu son argent et je n’ai pas eu de trou dans la caisse. Donc après 3 jours de bureau j’étais bien contente d’en sortir. Normalement jeudi on avait un départ pour une semaine pour 6 sites de vaccination donc ça fait pas mal de préparation. Mais ça c’était normalement sans compter sur un « petit » imprévu. Vous avez peut être entendu mais il y a encore un convoi MSF qui a été attaqué et le chauffeur était encore une fois tué. Cette fois ci il s’agissait un camion avec du matériel MSF Belgique et non de 4x4 qu’on utilise pour se déplacer d’un point A au point B. Et le chauffeur n’était pas un employé MSF, mais un employé de l’entreprise à qui le camion a été loué. C’est de détail mais ça a quand même son importance et il faut encore une fois marquer le coup, donc c’est parti pour un nouveau standby de 3 jours. Notre départ pour la semaine de vacci est du coup reporté à dimanche. Oui maintenant on travaille aussi les dimanches si non on va jamais déménager à Bria. Et ce projet qui devait être fait en 4 mois dure 18 mois maintenant. Ca fait bien chié tout le monde mais c’est comme la dernière fois il faut marquer le coup. C’est assez surprenant mais j’ai l’impression que ce qui se passe ici c’est comme si c’était dans un autre pays car à Paoua la situation est plutôt calme. Bien sûr il y a les blindés de l’UN qui sont là, dans la brousse il y a des hommes armés, il y a des pillages et des braquages, mais ce n’est pas un danger immédiat pour nous. Et puis avec toutes les règles de sécurité franchement on est super bien protégés. Je n’ai aucune idée de ce que ce dit actuellement dans les JT sur la RCA, mais à Bangui la situation a été assez chaude cette semaine, il y a pas mal d’affrontement entre les musulmans et catholiques, des policiers kidnappés, etc. Il faut pas vous imaginer le pire, il ne faut pas paniquer, ce n’est pas la Syrie, loin de là mais il faut juste être vigilant. D’ailleurs jeudi on a eu une réunion pour nous préparer si jamais il faut évacuer : on fait un point sur les différentes stratégies pour évacuer par avion, par voiture,… Bref pas de panique !!! Comme on a à nouveau ce petit standby on continue à préparer notre déménagement à Bria. Normalement le 14 juillet on quitte Poaua pour aller a Bria en passant par Bangui. Mais c’est un bizarre monstre. J’ai déjà démangé plusieurs fois dans ma vie mais ça n’a rien à voir. Ici je me retrouve à faire des cartons dont chacun doit être numéroté, il faut faire une liste avec ce qu’il y a dans chaque carton et la quantité. Puis il faut super bien emballer les cartons les étiqueter, blablabla. Rien à voir avec un déménagement ou je jette mes affaires dans une boite, je fais 15 minutes de voiture et voilà. Ici les cartons vont faire deux semaines de route, sur des routes défoncés d’où l’importance de bien tout emballer pour que ça ne se ballotte pas dans les boites, mais ça me demande un vrai effort de concentration et d’organisation. Je dois préparer aussi les boites isothermes pour envoyer les vaccins d’une ville à l’autre, et c’est à la limite ce qui me stresse le plus car c’est vraiment des procédures très strictes pour que les vaccins restent à la bonne température. Il ne faut pas se merder car dans une boite il peut avoir pour 10 000$ de vaccins. J’ai refaire un autre inventaire. J’ai un magasinier qui ne sait définitivement pas compter ou plutôt se servir d’une calculette. Mais comme il a toute la bonne volonté du monde j’essaye de rester bien patiente avec lui. J’avais des trous dans tous mes vaccins mais finalement c’était juste des erreurs de calculs. Je dis juste mais ça prend quand même toute une matinée de tout reprendre, recalculer, corriger. Donc maintenant on va faire un inventaire des vaccins toutes les deux semaines, comme ça s’il y a des erreurs, il y’aura moins de donnée à reprendre. On est en plein pic de palu ici : la pluie commence, les moustiques se font des festins et l’hôpital est plein de gamins anémiés. Il y a un vrai ravage du palu chez nous. Sur les 2 dernières semaines il y a eu 4 malades donc une qui prenait la Doxy. On est plus que 4 survivantes à ne pas l’avoir eu sur 12 expats. Bon après ceux qui l’ont surtout c’est les expats africains qui ne prennent pas de prophylaxie et qui ne sont pas à leur premier palu. Le traitement fonctionne super bien. C’est trois jours de traitement où on est cloué au lit mais après on n’en parle plus. Bref ça donne pas envie et j’aimerais bien y échapper.