Au plus je remets au lendemain le fait d’écrire au plus c’est difficile de s’y remettre.

Comme je vous disais qu’avec la fin de la vaccination à Paoua et le déménagement le planning allait être assez serré et ban c’était vraiment le cas. J’ai enchainé trois semaines non-stop en bossant les dimanches en on faisait minimum 12h de boulot par jour. Donc là j’ai vraiment hâte d’être en break, de pouvoir me poser et de vous voir tous. Nous avons fini la vaccination à Paoua le 10 juillet. Les derniers jours de cette vaccination je les ai passés sur les axes en supervision et surtout en profitant de pouvoir aller dans la brousse et de passer du temps avec les locaux. C’est génial! J’adore aller en périphérie, rouler des heures, voir tous ces mioches qui nous courent et crient derrière. Un de jours des supervisons il y avait Liévin (le nouveau chef = CP) est venu avec moi. Ça s’est très bien passé, ça nous a donné l’occasion de mieux se connaitre. Ça va être tellement mieux avec lui qu’avec Assane.


Le dernier jour de la vaccination j’ai eu une surprise en revenant de la vacci. Il y a Assane qui dit qu’il a des nouvelles pour toute l’équipe. Je vous disait que la situation à Bria était assez compliqué au niveau de la sécurité, qu’il était difficile d’y acheminer le matériel, et que blablabla…. Et ban on ne va plus à Bria mais on va à Carnot !! Un petit changement de villes diamétralement opposé à 6 jours du déménagement. Je vous disais quoi sur la flexibilité ?  Enfaite si on va sur Bria on va rester en standby pendant 2 mois, et peut-être même plus, le temps que le contexte soit plus stable. Donc on va à Carnot. Mais cela veut dire qu’il n’y a rien de prêt à Carnot : il faut trouver une base, faire l’exploration du terrain, analyser les accessibilités et la sécurité, trouver du RH, …. Et le desk veut bien sûr qu’on fasse tout ça sans prendre du retard par rapport à Bria.  Donc le départ de Paoua se fait toujours le 14 mais sans moi. Voilà ma plus grande frustration de mes trois mois à Paoua. Enfaite comme on n’a pas de base MSF la bas et qu’il faudra dormir à l’auberge il n’y a ‘’pas de place pour moi’’. Mais il y a la place pour les deux chefs, les deux log et son assistant. Ca va le foutage de gueule ? c’est sûr cet ‘’incident’’ ne va pas améliorer mes relations avec Assane. Parce que même s’il y n’a pas de place pour moi directement, j’aurais pu les rejoindre par la suite, une fois que la base serait identifié, mais non car ‘’ ça me fait trop d’aller-retour en avion vu que mon break est 10 jours plus tard’’. Encore une excuse de merde car lui s’en va le 25, exactement comme moi, donc ça nous ferait le même nombre de vols. Bref je me suis fait complétement exclure d’une partie les plus intéressantes de la vaccination mais au moins ça impliquait que je ne voyais plus l’autre mauvais personnage. Je comptais un peu sur le nouveau CP pour prendre ma défense, mais lui il a un peu le cul entre deux chaises et préférait ne pas prendre de position, même si on off il m’a dit que ce n’était pas du tout normal que je sois la seule à rester ici. Du coup quand je vais arriver à Carnot après mon break, c’est une toute nouvelle équipe que je vais retrouver : Liévin (CP), Thomas (le nouveau log) et Catarina (nouvelle admin). Ca me fera vraiment l’impression d’avoir deux missions en une.  



Pendant que je reste à Paoua je vais m’occuper à combler le gap (le trou) sur le poste des activités externes. Alors c’est super pour moi, de pouvoir voir un peu un autre poste, un autre profil et de mes faire d’autres expériences ; mais c’est dans mon projet que j’ai envie de m’appliquer et pas de faire un peu bouche trou. Mais bref je me suis dit que j’allais retirer le maximum du positif de cette expérience.  Le poste en activités externes c’est coordonner et superviser le travail des 7 centres de santés qui se trouvent en périphérie. Ca veut dire aller tous les jours sur les axes pour passer dans certains centres, leur apporter les vaccins, les commandes, les plumpy nuts, superviser comment se passent les consultes, les consultes de malnutrition, la vaccination, voir s’ils ont des problèmes et bien sur encoder une tonne de datas,….Bref c’est assez varié, mais il faut être super organisé pour ne pas s’emmêler les pinceaux entre tous les centres : ceux qui passent leurs commande les semaines paires et ceux des semaines impaires, ceux où il faut envoyer les commandes par motoriste, ceux où il faut envoyer du renfort car il y a trop de malades,…. 10 jours sur ce poste c’est juste suffisant pour voir tout ce qui ne va pas, tout ce qui pourrait être amélioré, mais c’est pas en une semaine qu’on fait quelconque changement. C’est assez difficile de gérer ces centres car ce n’est pas en y passant une fois par semaine qu’on peut avoir suffisant des visibilités sur les activités et surtout on n’est pas suffisant présents pour les former correctement. C’est le même problème qu’en vaccination, ils te disent ‘’oui’’ et font complètement autre chose dans ton dos. Mais vu les moyens qu’ils ont ils ne faut pas s’étonner non plus.


Un centre de santé ici, est un bâtiment de 2-3 pièces (30 – 50 m²) perdu dans la brousse, tenu par un chef de centre qui est infirmier ou aide-soignant et il a un assistant qui a une formation préposé aide-soignant ( donc encore moins qu’un aide-soignant). Et ces chefs se retrouvent à faire de consultations générales, gérer la malnutrition, faire les consultations pré natales, les accouchements,… ils bossent 6 jours/7, 12h/j et sont de garde 24h/24. Autant dire qu’ils font ce qu’ils peuvent. Leurs seules occasions d’approfondir leurs connaissances c’est via nous, les expats, car le gouvernement ne fait rien pour eux. Ils ont les mures placardés avec les protocoles MSF, tel symptôme telle prise en charge, telle critères pour envoyer à l’hôpital, telle dosage pour un tel enfant. Bref,… Ils sont payés par MSF et tous les médicaments/ vaccins sont fourni par MSF, mais vu la consommation comparée au nombre de malades on sait qu’une partie est ‘’perdu’’ ou ‘’se retrouve malencontreusement au marché’’. Quand on arrive dans le centre, ils nous montrent un peu tous les cas avec lesquels ils ne savent pas trop quoi faire. Sauf que moi je ne suis pas médecins, je n’ai vu la malnutrition qu’en théorie (chez nous la malnut c’est plutôt les gros obèses) et une fois sur deux je ne sais pas trop quoi faire non plus. Alors j’ai mes deux meilleurs amis : le livre guide clinique (procédures msf) et le livre guide pharmaco et a nous trois on essaye de trouver des solutions. Et quand je ne sais vraiment pas je réfère vers l’hôpital de Paoua ou je ramène avec nous. C’est comme ca que je me suis retrouvé avec 13 personnes dans la voiture + le matos (le max c’est 11), une vraie caravane des clandestins !! C’est assez drôle. Bon c’est moins drôle quand c’est des petits qui vont vraiment pas bien et que je ne sais pas s’ils arriveront vivant à l’hosto en vie, mais on fait du mieux qu’on peut. Du coup on a trouvé une nouvelle devise pour MSF = Médecins sans formation.


Nouveau boulot, veut dire que j’ai un nouvel assistant, Célestin. Alors Célestin est super, mais trop super, trop gentil. C’est ce style de personnes qui est toujours trop heureuse de la vie, de vous rendre service, qui fait toujours tout avant que j’ai le temps de le lui demander,… Je sais que je devrais être super contente d’avoir un assistant comme ça mais c’est fatiguant et gênant quand il s’occupe de moi comme si j’étais la reine mère. Il veille à ce que mon ventilo soit allumé pour que je n’ai pas trop chaud, il m’apporte ma tasse de thé si je l’oublie quelque part, il porte tous les cartons car c’est trop lourd pour moi,… Bref je ne risque pas de ma casser un ongle avec lui. Je dis ça mais heureusement qu’il est là, car sans lui je partirais en brousse avec le moitié de matos nécessaire et rien ne serait prêt pour quand il faut.   


Avant que je commence à bosser pour les activités externes et que le reste de l’équipe parte sur Carnot, on a fait la fête de remerciement de la fin de la vaccination pour les autorités (je vous en ai parlé dans le poste précédent). La fête super foireuse. A la base ca devait être une fête pour 200 personnes avec la bouffe, la bière, 40 litres de bilibili (alcool local à 40%), musique, etc. Alors de 200 personnes on est passé à 60 car autrement on craquait un peu le budget qui nous était accordé. Et je me suis battue bec et ongles pour qu’il n’y pas le bilbili. Ok ça coute 5 euros pour 20 litres, mais les autorités c’est déjà des gens qui sont alcoolisait 24h/24 alors ils ne vont pas venir se taper une méga cuite chez MSF sous prétexte que c’est un alcool qui ne coute pas cher. Ça craint même au niveau de la sécurité, une fois bourrée tu ne sais pas comment ces gens-là peuvent tourner.  Pour vous rappeler on faisait ca un mardi à 15h et tous les officiels se sont ramène déjà super bourrés. Comment tu veux que ce pays fonctionne alors qu’un mardi plein après-midi ils sont déjà pas capables d’aligner deux mots ?  Et vu la descente qu’ils avaient avec les bières heureusement qu’il n’y avait pas le bilibili. Le sous-préfet quand il devait faire son discours, il s’est pris les pieds dans la chaise et a failli finir la tête dans le sol. Franchement, il faut prendre ça au deuxième degré et alors ça donne l’impression d’assister à une très mauvaise pièce de théâtre, un sketch.  Le pire c’est que c’est gens se prenne tellement au sérieux, il faut que tous les protocoles soient respectés avec eux, qu’ils soient servis dès qu’ils arrivent, qu’ils aient la meilleure bouffe, mais une fois qu’il n’a ni à boire ni à manger ils se barrent. Bref heureusement que ce n’est pas tous les jours ce genre de fête.


Contrairement à cette fête moisie, la samedi dernier on a fait de loin la meilleure soirée depuis que je suis ici. On a rencontré Paolo, c’est un gars de l’ONG COPI, un italien qui a fait une tonne des choses incroyables dans sa vie, extravertie et plein de bonne humeur.  Alors comme tout bon italien il doit savoir faire des pasta, alors on s’est donné rdv pour une soirée pasta !!! Pasta maison, sauce maison, basilic qu’on a trouvé dans un autre ONG, comme c’était le début du mois on avait encore quelques restes de fromage, et on avait même DEUX bouteilles de vin. UN RE-GALE !!!! Il a fallu que je vienne à Paoua pour faire pour la première fois des pâtes maison. Et franchement ça n’a rien de bien compliqué et c’est super rapide. Bien sûr il nous manquait quelques accessoires : rouleau à pâtisser qui était remplacé par des bouteilles de bière ; passoire, on a repêché les pâtes une par une,… on s’est bien marré.  On a invité plein de monde des autres ONG. Il y avait encore un polonais (3e depuis que je suis ici), mais comme il est homo il vit aux Etats-Unis. Puis il y a un gars qui a apporté son rhum arrangé fait pas sa maman qui vit à la Réunion. Encore un régal. Ça m’a rappelé le rhum arrangé qu’on a essayé de faire avec Tangi avec des maracujas, mais ce n’était pas vraiment une réussite, surtout à côte de ce rhum. Puis on a fait un chapi-chapeau, on a trop rigolé, comme à Paoua il n’y a pas vraiment des boites de nuit on s’occupe comme on peut. Une vraie bonne soirée qui a duré jusqu'à 3h du mat, ce qui relève de l’exploit à Paoua. Par contre ce qu’on  avait oublié ce quand on boit trop on n’est pas très bien le lendemain. On était à deux à être vraiment pas bien et tous les autres se foutaient trop de nous, car la journée était assez compliquée.  Mais ca valait largement la soirée :)



Allé bisous on se voit dans la semaine :)